La SBCF de ses origines à nos jours.

Par Andrée Tixier-Vidal, ancienne présidente de la SBCF

La SBCF telle que nous la connaissons actuellement est née en 1984. Sa naissance est le résultat d’un processus qui s’est déroulé sur plusieurs années et en plusieurs étapes.

Au commencement est le microscope

De même que l’invention du microscope au début du XVII siècle a fondé la naissance en 1838-39 de la théorie cellulaire, c’est l’invention du microscope électronique, environ 3 siècles plus tard, qui a établi les bases de la Biologie Cellulaire moderne. Les progrès de la connaissance sont étroitement liés à l’existence des sociétés savantes et l’histoire de ces sociétés reflète souvent le dynamisme d’une discipline. Qu’en est-il pour la Biologie cellulaire en France ?

Au commencement est la Société Française de Microscopie Electronique. La S.F.M.E fut créée en 1959 et son premier Président R. Castaing était un physicien. Par la suite une alternance de Présidents physiciens et biologistes s’est succédée, de même que de nos jours pour la SFMu. Les réunions annuelles de la SFME étaient très animées, vivantes et très enrichissantes pour les jeunes chercheurs, à l’image du développement rapide des techniques de préparation des tissus et des connaissances.

La Société Française de Biologie Cellulaire a été créée officiellement en 1983. Elle est née de la SFME, on peut donc parler d’une longue « gestation ». Comment s’est déroulé ce processus ?

Première étape : le Cercle français de Biologie Cellulaire

La création du Cercle français de Biologie Cellulaire a été préparée par une lettre de notre regretté Pr. Couteaux datée du 3 mars 1975 :

Le Conseil de la Société Française de Microscopie électronique a jugé utile la création d’un cercle groupant tous ceux qui s’intéressent à la Biologie Cellulaire et aux disciplines qui lui sont apparentées. Ce cercle pourrait bénéficier de l’infrastructure administrative de la SFME et en particulier de son secrétariat parfaitement rodé à l’organisation de réunions scientifiques et à l’édition d’ouvrages scientifiques dont un périodique.

Un comité provisoire présidé par Nicole Le Douarin fut créé. La vice-présidente était Janine Yon, les secrétaires Michel Bouteille, Pierre Favard et Roger Robineaux. Les 12 membres du comité scientifique provenaient d’horizons scientifiques très divers : l’immunologie, la biochimie et la biologie moléculaire, la biologie du développement, la génétique, la cancérologie, la cytologie, la pharmacologie, la neurobiologie, la photobiologie, la biophysique, la virologie… Les objectifs consistaient notamment dans l’organisation de réunions régulières, dans le maintien de liens étroits avec les sociétés déjà existantes et dans la mutation du “Journal de Microscopie Electronique” en “Journal de Microscopie et de Biologie Cellulaire”. Une circulaire précisant les buts du cercle fut diffusée auprès des membres de la SFME avec un bulletin d’inscription comportant la mention de la discipline et le sujet de recherche. Les premières réunions du CFBC eurent lieu dès 1976 : un symposium de génétique fut organisé en mai à Marseille et une réunion plus large sur les récepteurs membranaires en septembre, à Paris. A cette réunion Le règlement intérieur préparé par le comité provisoire fut approuvé à l’Assemblée générale qui suivit. Juridiquement le CFBC était une section de la SFME, elle même étant régie par la loi de 1901 (déclarée en JUIN 1959). Les premières élections furent organisées afin de remplacer le comité provisoire. Le mandat de Présidente de Nicole Le Douarin fut renouvelé
En même temps était préparé le premier numéro du Journal de Microscopie et de Biologie Cellulaire (devenu plus tard “Biology of the Cell”), pourvu d’un nouveau Comité Scientifique International.

Un premier bilan d’activité présenté par Nicole Le Douarin en janvier 1978 fait état de 1122 membres, montrant l’accueil favorable de la communauté scientifique à la création du CFBC. Les colloques organisés en 1976 et 1977 ont réuni environ 200 participants.

L’activité du CFBC s’est étendue au plan européen. Sur la proposition de W. Bernhard qui était membre du Comité exécutif de L’ECBO, le Cercle a adhéré en 1977 à l’ECBO qui venait de réformer sa structure en passant du Statut de Société à celui de Fédération des sociétés de Biologie cellulaire qui s’étaient récemment créées dans plusieurs pays européens. En outre il a organisé, sur la suggestion de John Paul, président de l’ECBO, le premier Congrès Européen de Biologie Cellulaire , à Paris, 19-24 juillet 1982. François Gros était Président du congrès et P. Favard Président du Comité d’organisation. Le Congrès a réuni environ 1600 participants (900 étrangers et 700 français). D’autre part, le CFBC a établi des contacts avec l’European Tissue Culture Society, dont j’étais secrétaire générale et qui était également en cours de réorganisation sous l’égide de John Paul. Un inventaire des laboratoires français pratiquant les différentes approches de la culture de tissus et de cellules eucaryotes a été établi en 1979.

Deuxième étape : la Société Française de Biologie cellulaire

La transformation du CFBC en Société a été proposée en 1981 par le Conseil de la S.F.M.E , estimant que le nombre des membres du cercle devrait lui permettre d’atteindre son autonomie financière. L’année 1982 a été consacrée à la préparation des statuts et des relations avec la société “mère”. Le projet d’une Fédération regroupant la SFME, la SFBC et éventuellement d’autres sociétés ou cercles a été finalement retenu. Le rôle de la Fédération sera de fournir aux sociétés adhérentes les moyens de secrétariat, de comptabilité, etc… Cette Fédération prit le nom de W. Bernhard, récemment disparu. La création et les statuts de la SFBC furent approuvés à l’Assemblée Générale du Cercle le 21 septembre 1983.

Troisième étape : la Société de Biologie Cellulaire de France

La durée de vie de la SFBC a été courte ! En effet, à la demande de la Société Française de Biologie Clinique ( S.F.B.C.), créée antérieurement, elle a dû changer son intitulé pour : Société de Biologie Cellulaire de France (S.B.C.F.). ( J.O. du 15 décembre 1984). En même temps de nouvelles élections avaient mis en place le premier bureau et le premier conseil Scientifique dont François Gros était le premier Président. Les objectifs scientifiques restaient ceux du CFBC.

L’argent est aussi le nerf des sociétés savantes !

La faiblesse des ressources financières de la SCBF à longtemps été un problème récurrent. Il est intéressant de rappeler l’évolution de celles ci.

  • À l’origine, le CFBC n’avait pas de cotisation propre puisque ses membres cotisaient pour la SFME. Par la suite un cotisation supplémentaire de 50F a été demandée.
  • Dans le cadre de la Fédération W. Bernhard, qui comprenait la S.F.M.E., la S.F.B.C., le Cercle de Pathologie Ultrastructurale et le cercle de Microscopie quantitative, une cotisation de base commune était demandée (110F à l’origine et une surcotisation minime de 10F pour chaque société membre).
  • En 1990, l’assemblée de la S.B.C.F. a voté l’autonomie de sa cotisation, laissant le choix à ses membres de payer soit une seule cotisation, soit deux cotisations dans le cas de ceux qui adhéraient également à la S.F.M.E.. Les ressources de la S.B.C.F. ont été légèrement augmentées mais le problème du financement des réunions a été longtemps critique.

En conclusion de ce bref historique, je voudrais souligner le travail du Cercle de Biologie Cellulaire dont les responsables ont établi les bases d’une communauté des biologistes cellulaires en France, a une époque où tout était à faire. A l’heure actuelle la S.B.C.F. doit faire face au développement impressionnant, et indispensable, de la Biologie Cellulaire sur la scène internationale et plus particulièrement au niveau européen. C’est le chalenge du futur.

A. Tixier-Vidal
(je remercie vivement Patricia Vives qui m’a aimablement donné accès aux archives de la Société et je félicite D. Lotté pour la tenue de ces archives)